C’est la première étape de la rénovation du vaste département des Antiquités égyptiennes du musée parisien.
Après quatre ans de restauration, la chapelle d’Akhethétep, oeuvre phare des Antiquités égyptiennes au Louvre, retrouve son lustre et ses proportions : restituée à sa taille d’origine, on peut mieux en admirer les parois racontant la vie des champs dans l’Egypte d’il y a 4.000 ans. C’est tout le début du vaste département des Antiquités égyptiennes du musée parisien qui fait peau neuve.
A hauteur d’homme
Il s’agit pour ce département de mieux mettre en valeur l’actualité de ses collections, de ses restaurations en présentant sur un mode attrayant des vestiges significatifs, parfois de manière tournante. Ainsi, le Chien d’Assiout, statue en calcaire, datant probablement de la fin de l’ère ptolémaïque (1er siècle avant JC), qui a fait l’objet d’une longue restauration pour en retirer les efflorescences de sels, siège dans la salle d’accueil.Dans la seconde, une grande vitrine, « le Dictionnaire des dieux » fait correspondre aux différentes lettres de l’alphabet (A comme Amon, etc) des statuettes des collections, accompagnées d’explications sur l’art et la religion de l’Egypte ancienne.
Le clou du nouveau parcours est la reconstitution exacte de la chapelle du mastaba d’Akhethétep, telle qu’on pouvait la voir sur le site funéraire de Saqqara. Il s’agit d’une chapelle rehaussée de 70 centimètres par rapport à celle qui se présentait auparavant aux yeux des visiteurs. C ‘est grâce à la campagne « Tous Mécènes ! », lancée fin 2016 (500.000 euros collectés) que l’entreprise a été menée à bien. Le mastaba a dû être démonté bloc par bloc, chacun d’eux étant nettoyé, restauré, photographié puis numérisé.
Aujourd’hui, c’est sans avoir à se pencher, à hauteur de regard et grâce à un éclairage vif mettant en valeur chaque détail des figures polychromes sculptées, que l’on peut admirer un fourmillement d’hommes en activité.
Nourriture éternel
Un décor qui, en même temps que d’exalter la prospérité du défunt, visait à assurer un défilé perpétuel d’offrandes vers sa table pour garantir son salut dans l’éternité: « Dans l’Egypte ancienne, explique à l’AFP le directeur du département et égyptologue Vincent Rondot, on veut pour le défunt que cette production de nourriture existe de façon éternelle et l’on représente donc tout ce monde paysan en pleine activité en train de récolter. Les scènes de la vie quotidienne sont représentées dans le moindre détail, ce qui nous plonge au coeur des techniques agricoles pour le vannage, le battage, le transport« . Un dispositif vidéo, à partir de la captation 3D du monument, permet de lire le décor, rendant ces scènes de travaux des champs très vivantes.
Le Louvre avait acquis en 1903 sur le site de Saqqara cette chapelle, pour empêcher alors sa dispersion bloc par bloc par des réseaux commerciaux locaux. « Car on détruisait alors ce patrimoine à un degré qu’on ne peut imaginer« , observe Vincent Rondot. En 1905, la chapelle venue d’Egypte était montée dans l’aile de Flore, puis, en 1932, remontée dans la salle de l’aile Sully.
C’est un siècle après l’acquisition de la chapelle, qu’a été retrouvé sous les sables, grâce à un patient travail de recherches et de fouilles, son emplacement exact et surtout le vaste ensemble architectural auquel elle appartenait, permettant de la visualiser exactement. Le riche Akhethétep, dont le fils aurait épousé une fille du roi d’alors, sera à l’honneur en juillet au Louvre qui va diffuser une websérie autour de sa chapelle et de son destin.
World Opinions Culture – France info Culture