Tribune. Le triangle Japon-Corée-Chine est au cœur du modèle asiatique de croissance à haute vitesse qui a tant inspiré le reste du monde. Sur le plan démographique, ces trois pays ont tiré parti d’une vaste population jeune et bien formée entrant sur le marché du travail.
Mais ces temps sont révolus. Tous font face à une chute brutale de la natalité, au vieillissement rapide leurs populations et à une urgence d’adaptation de leur modèle économique et social.
Au Japon, le taux de fécondité par femme oscille entre 1,3 et 1,4 depuis 1995 ; la population, estimée à 125,7 millions de personnes en 2021, a une moyenne d’âge de 49 ans et a déjà chuté de 3 millions d’habitants depuis son maximum atteint en 2011. La population de la Corée du Sud n’a pas encore décru, mais le taux de fécondité est tombé depuis 2018 à 0,9, le plus bas niveau mondial ! Quant à la Chine, elle a déjà rejoint ce club du fait de sa politique de l’enfant unique (1979 – 2016) :
La fécondité a chuté à 1,3 en 2020. Sa population est proche de son maximum à 1,415 milliard et va bientôt diminuer, mais la moyenne d’âge, 38 ans, est encore basse. Ces taux de fécondité contrastent avec ceux, encore élevés, dans le reste de l’Asie, notamment en Inde (2,2 en 2018) et Asie du Sud-Est (Indonésie à 2,3).
Transformation radicale
La population vieillit très rapidement dans les trois pays. Les plus de 65 ans représentent 28 % des Japonais en 2018 (le taux le plus élevé du monde), 14 % des Coréens et 11 % des Chinois. Pour comparaison, ce taux est de 20 % en Union européenne et en France. Cela génère un ratio de « dépendance » (entre population âgée et population active) de 50 % au Japon en 2019 ; il devrait attendre 80 % en 2060.
La Corée du Sud part de plus bas (20 % en 2019), mais elle se dirige vers le plus haut ratio du monde en 2060 (85 %).
La Chine est actuellement à 15 %, mais la montée sera rapide dans les années qui viennent, bien qu’elle ait abandonné la politique de l’enfant unique, autorisant deux enfants en 2016, puis trois en 2021. Mais l’effet de ce changement tardif sera très limité du fait des coûts de vie exorbitants dans les villes et de la modernisation des modes de vie. Comment les pays d’Asie du Nord-Est réagissent-ils à cette transformation radicale ?
Par Yves Tiberghien – Le Monde