Des experts nippons, interrogés par le journal “Mainichi Shimbun”, analysent le mécanisme à l’origine du séisme qui a frappé les deux pays le 6 février, tout en alertant sur l’important risque de répliques.
Au Japon, très souvent secoué par des tremblements terre et qui a perdu plus de 22 000 habitants en 2011 à la suite d’un séisme de magnitude 9 et au tsunami qu’il a engendré, la situation en Turquie et en Syrie après les tremblements de terre du 6 février suscite beaucoup d’émotion.
Interrogé par le quotidien Mainichi Shimbun, Shinji Toda, sismologue à l’université de Tohoku, fait remarquer que, “tout comme le Japon, la Turquie se trouve sur une concentration de failles [qui délimitent des frontières entre les plaques tectoniques]. Des tremblements de terre pourraient ainsi frapper la région de manière successive.” Les deux fortes secousses de magnitude 7,8 et 7,5 qui ont ébranlé la Turquie et la Syrie le 6 février, ont été suivies d’un cortège de répliques moins fortes qui pourraient durer de semaines.
L’épicentre du séisme de magnitude 7,8 se situe à la frontière entre les plaques arabique et anatolienne. “Sur cette faille, des séismes de magnitude supérieure à 6 se sont produits à quatre reprises depuis 1998”, rappelle le journal nippon.
Comparant la situation géologique et sismique de la région à celle du Japon, le Mainichi Shimbun constate que son pays n’a jamais connu de séisme d’une telle magnitude pour lequel l’épicentre était situé directement sous les pieds des habitants. Lors du tremblement de terre de magnitude 9 de 2011, l’épicentre était situé dans l’océan Pacifique.
Qualifiant de “tremblements de terre terrestres” ceux dont l’épicentre ne se situe pas en mer – comme ceux qui ont touché la Turquie et la Syrie –, le journal précise que “le plus grand [de ce type] que le Japon ait connu est celui qui s’est produit dans la région de Gifu [dans le centre de l’archipel] en 1891, mais sa magnitude était de 7,4, inférieure à celle du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie lundi (7,8)”.
L’effondrement de bâtiments est responsable de la plupart des décès en Turquie et en Syrie. Le gouvernement turc a-t-il suffisamment anticipé le risque ? Selon Yo Hibino, spécialiste de la construction parasismique à l’université de Nagoya et qui a fait des études de terrain sur place par le passé, les normes antisismiques du pays “sont conformes aux recommandations”.
Cependant, “des bâtiments en béton insuffisamment armé, ou ceux qui ne sont pas bien conçus ou construits, ont pu aggraver les dégâts”, a-t-il précisé. En outre, des spécialistes sur place soulignent que la plupart des bâtiments qui se sont effondrés avaient été construits avant 2000, avant l’entrée en vigueur des normes antisismiques dans le pays.
World Opinions – Courrier international