Le Nigeria dispose d’énormes réserves en gaz, les premières en Afrique. Le ministre nigérian du Pétrole a donné ces dernières semaines son feu vert au financement de deux gazoducs, l’un passant par le Maroc, l’autre par l’Algérie.
Un projet transsaharien avec le Niger et l’Algérie
Le projet de gazoduc transsaharien, reliant sur 4 100 kilomètres le Nigeria à l’Algérie en passant par le Niger, en sommeil depuis plusieurs années, a été relancé par les ministres des trois pays réunis à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, le 21 juin 2022.
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les réserves en gaz de l’Afrique attirent de plus en plus l’attention de l’Union européenne qui cherche des alternatives à la Russie.
Avec la flambée du prix du gaz et la nécessité de trouver d’autres sources d’approvisionnement, les investisseurs devraient être plus enclins à s’impliquer dans ce projet dont le coût est estimé à près de 20 milliards de dollars.
Le gazoduc transsaharien passerait par l’Algérie via le Niger, le second traverserait une douzaine de pays côtiers ouest-africains en direction du Maroc.
Le principal risque est lié aux nombreux groupes armés terroristes bien implantés sur le passage du Gazoduc : Boko Haram et l’ISWAP au nord du Nigeria, le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (MEND) au sud, Aqmi et le groupe Etat islamique au Niger, pour ne citer que les plus connus. Malgré cet obstacle de taille, l’Algérie pousse d’autant plus le projet qu’il est en concurrence avec un autre projet reliant le Nigeria au Maroc.
Celui du Maroc passerait par une douzaine de pays africains
Ce projet de gazoduc de 6 000 kilomètres vise à alimenter le Maroc et l’Europe en gaz nigérian, via l’Afrique de l’Ouest. Il a reçu un feu vert officiel d’Abuja, le 2 juin 2022. Il y a quatre ans, le roi du Maroc Mohammed VI et le président nigérian Muhammadu Buhari étaient tombés d’accord sur ce mégaprojet de transport de gaz le long de la côte atlantique.
Ce gazoduc devrait passer par une douzaine de pays ouest-africains jusqu’au Maroc, et du Maroc jusqu’à l’Espagne et l’Europe. Il serait une extension du gazoduc qui achemine depuis 2010 le gaz du sud du Nigeria au Bénin, au Ghana et au Togo.
De nombreux obstacles se dressent encore sur le chemin de ces deux projets. Avec la flambée des prix du gaz, le financement n’est pas nécessairement le plus difficile. Selon certains experts, Moscou regarde de près ces projets qui visent à concurrencer le gaz russe. Selon Benjamin Augé de l’IFRI, le géant russe Gazprom « cherche à circonscrire toute possibilité de diversification de l’Union européenne ». Cela pourrait expliquer l’intérêt nouveau de la Russie pour la région, ces dernieres années.
World Opinions – France info