En réaction à la décision du tribunal régional supérieur de Coblence, en Allemagne, qui a condamné Anwar Raslan, ancien responsable des services de renseignement syriens, à la réclusion à perpétuité pour crimes contre l’humanité, notamment torture, meurtre et viol de détenus dans la « Branche 251 », un centre tristement célèbre de détention géré par le renseignement militaire à Damas, Lynn Maalouf, directrice adjointe du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :
« Le verdict rendu ce jour est une victoire historique qui permet d’entendre la voix des dizaines de milliers de victimes de détention illégale, de torture et de violences sexuelles, ainsi que la voix des familles de prisonniers morts dans les prisons et les centres de détention en Syrie, du fait des traitements infligés par les forces de sécurité syriennes pendant plus d’une décennie. Il est à noter que ce jugement reconnaît le caractère systématique des violences sexuelles en tant que crime contre l’humanité. Cela n’aurait pas pu se produire sans les personnes qui ont osé raconter leur histoire, les acteurs de la société civile syrienne, et les organisations de défense des droits humains et d’assistance judiciaire, qui ont fait preuve d’une ténacité sans faille au fil des ans en vue d’obtenir justice, vérité et réparations.
« La condamnation d’Anwar Raslan rappelle au gouvernement syrien et à tous ceux qui commettent des crimes contre l’humanité en toute impunité, que justice peut être rendue.
« Les États dans le monde entier doivent suivre l’exemple de l’Allemagne et intenter des procédures analogues contre les auteurs présumés de crimes de droit international. Comme il est inconcevable d’engager des poursuites pénales en Syrie même et qu’il n’y a pas de moyen de saisir la Cour pénale internationale de ces dossiers, la compétence universelle est le seul moyen d’obtenir justice. »
Complément d’information
En février 2020, la police allemande et la police française ont arrêté les anciens agents des services de renseignement syriens Anwar Raslan et Eyad al Gharib. Lors d’un procès qui s’est ouvert en avril 2020, ils ont été inculpés de crimes contre l’humanité pour avoir torturé des détenus incarcérés dans la « Branche 251 ». Le 24 février 2021, Eyad al Gharib a été condamné à quatre ans et demi de prison pour sa complicité dans la torture infligée à des manifestant·e·s placés en détention.
Amnesty International a publié plusieurs rapports dénonçant les conditions inhumaines dans les prisons syriennes – où les disparitions forcées, les actes de torture et les mauvais traitements se traduisent par des morts en détention, et où les exécutions extrajudiciaires à l’issue de parodies de procès sont monnaie courante. Ces crimes s’apparentent à des crimes contre l’humanité et tous les États sont autorisés à exercer la compétence universelle – voire tenus de le faire.
World Opinions + Amnesty International