Siemens vient d’introduire en Bourse sa division énergie, à l’origine de l’entreprise en 1866. En cela, l’entreprise munichoise, comme General Electric, Alstom ou Alcatel, suit le mouvement de fragmentation des grands groupes de la révolution industrielle du XXe siècle..
Un empire électrique se débranche. Avec constance, Siemens, premier employeur privé d’Allemagne, poursuit son entreprise de démantèlement. Ce lundi 28 septembre, la firme a introduit en Bourse sa division énergie, celle-là même qui fut à l’origine de l’entreprise, quand Werner Siemens inventa la dynamo en 1866. Une entité de près de 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 91 000 employés.
Mais l’entreprise munichoise n’est plus à ça près. Depuis 2000 et la vente de sa division de puces électroniques, Siemens s’est délesté de ses téléphones, de ses réseaux télécoms, de ses ampoules, de ses machines à laver, de son informatique, de sa santé… Il ne lui reste plus aujourd’hui que ses spécialités industrielles, dans les moteurs et l’automatisation, ainsi que son activité ferroviaire, dont elle voulait se débarrasser par un mariage avec le français Alstom, mais qui a été bloqué par la Commission européenne.
Nouveaux conglomérats
Si spectaculaire que puisse apparaître cette cure d’amaigrissement, elle n’est pas un cas isolé. Siemens est même plutôt l’un des derniers résistants occidentaux à la fragmentation des grands conglomérats électriques qui dans tous les grands pays du monde ont constitué la colonne vertébrale de la révolution industrielle du XXe siècle. Philips s’est réinventé un avenir dans la santé, et la Compagnie générale d’électricité française n’est plus qu’un très vague souvenir.
Beaucoup de ses enfants, comme Alcatel ou Alstom, ont disparu, à l’exception de la branche ferroviaire d’Alstom. General Electric, aux Etats-Unis, enchaîne ventes et plans sociaux, y compris dans sa filiale française, l’ex-Alstom Energie. Progressivement, chacun se replie sur un leadership mondial : l’automatisation industrielle pour Siemens, les trains pour Alstom, l’aéronautique pour General Electric.
Par Philippe Escande – lemonde.fr