Alors que des alertes se multiplient sur les exactions commises contre des femmes et des jeunes filles en Ukraine mais aussi, en dehors de ses frontières, sur les risques de traite d’êtres humains, les députées Emilie Cariou et Albane Gaillot appellent l’Etat français, dans une tribune au « Monde », a assuré pleinement la protection des personnes réfugiées.
Tribune. Alors que les combats font rage en Ukraine depuis plus d’un mois, que la solidarité internationale s’organise pour venir en aide aux populations, des alertes nous parviennent sur la situation des femmes et des filles ukrainiennes. Les témoins, les autorités, les personnes réfugiées dans d’autres pays alertent depuis des semaines sur des exactions commises contre les femmes et contre les filles : viols de guerre, prostitution, esclavage, tortures…
A l’intérieur des frontières de l’Ukraine d’abord. Des viols de femmes et d’enfants par l’armée russe sont dénoncés depuis plusieurs semaines. Le 4 mars, le ministre ukrainien des affaires étrangères a accusé l’armée russe de violer des filles et des femmes dans les territoires occupés. Des alertes sont aussi relayées par des militantes des droits des femmes. Inna Shevchenko, militante féministe ukrainienne réfugiée en France depuis plusieurs années, rapportait le même jour qu’elle recevait des messages de sa ville natale en Ukraine « selon lesquels plusieurs femmes et jeunes filles ont été violées par des soldats russes ».
En dehors des frontières de l’Ukraine ensuite. Le nombre de personnes fuyant le théâtre du conflit a dépassé les 4 millions, parmi lesquelles 90 % seraient des femmes et des enfants. Or, les femmes sont les premières cibles des violences sexuelles dans le parcours migratoire.
Agences matrimoniales prises d’assaut
Dans un avis récent, le Groupe d’experts sur la lutte contre la traite des êtres humains (Greta) du Conseil de l’Europe a alerté sur le risque pour les réfugiés d’être victimes de traite d’êtres humains. Au-delà, les femmes qui fuient le conflit se retrouvent en butte aux proxénètes, qu’il s’agisse d’un proxénétisme organisé en réseau, ou non. Des responsables d’associations alertent aussi sur des situations de prostitution de survie : contre un hébergement par exemple. De telles situations ont été relevées en Pologne.
Récemment, lors d’une réunion extraordinaire des ministres de l’intérieur les 27 et 28 mars à Bruxelles, le ministre français de l’intérieur a fait la déclaration suivante : « Nous commençons à voir la présence de personnes malfaisantes près des endroits où l’on accueille des réfugiés pour exploiter femmes ou enfants. Donc nous avons vraiment besoin d’une grande mobilisation (…)
Par Emilie Cariou – Albane Gaillot – Le Monde