Les eurodéputés ont voté, ce jeudi, une résolution condamnant le Maroc pour l’utilisation des mineurs dans sa crise diplomatique avec l’Espagne. Le vote a permis à plusieurs eurodéputés espagnols de fustiger la démarche du royaume, en associant la problématique migratoire à la question du Sahara occidental.
Au grand dam du Maroc, le Parlement européen a voté, ce jeudi, une résolution le condamnant pour l’exode de plusieurs milliers de Marocains vers Ceuta, il y a quelques semaines. Le texte, dont plusieurs parties ont été votées à la majorité par les eurodéputés, condamne «l’utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration, notamment des mineurs non accompagnés, comme moyen de pression politique sur un Etat membre de l’Union», en l’occurrence l’Espagne.
Le texte, sur «la violation de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et l’instrumentalisation des mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire à Ceuta», qualifie les événements passés d’«incident injustifiable, qui ne correspond pas à la coopération établie de longue date et à la relation de confiance qui prévaut entre les deux parties, en particulier dans le domaine de la migration». «Les relations de voisinage doivent être préservées et redevenir ce qu’elles étaient avant la crise, afin de contribuer à promouvoir des relations mutuellement bénéfiques en mettant en œuvre le nouvel agenda méditerranéen récemment présenté dans le cadre d’un partenariat renouvelé avec le voisinage sud, au titre duquel le Maroc est invité à approfondir son partenariat avec l’UE dans différents domaines», plaide la résolution.
Au-delà du fait que la résolution porte atteinte à l’image du Maroc suite à cette crise, la plénière a servi de tribune à plusieurs eurodéputés pour épingler le royaume. Celui-ci a été ainsi accusé d’ «utiliser les enfants comme moyens de pression». «Les images de ces enfants désespérés est un épisode déplorable que ce Parlement ne peut pas tolérer. La convention internationale sur les droits des enfants imposent des obligations qui ne peuvent être ignorées. La gestion des frontières doit être organisée en respectant pleinement la législation internationale relative aux droits de l’Homme», a plaidé l’eurodéputé espagnol Urtasun Ernest du groupe Verts/ALE. Son collègue allemand Krah Maximilian, groupe ID a qualifié l’exode de «provocation» que l’UE ne doit pas accepter. «Ceux qui soutiennent le Polisario provoquent la crise à Ceuta», a-t-il ajouté.
Associer les événements de Ceuta à la question du Sahara occidental
Une première mention de la question du Sahara occidental qui n’a pas été une exception. En effet, lors de leur intervention, les eurodéputés du Groupe de la Gauche et Verts/ALE ont presque tous tenus à évoquer ce dossier en l’associant à ce qui s’est passé à Ceuta, à la mi-mai. «Cette crise migratoire et la réaction du Maroc suite à l’hospitalisation de Brahim Ghali montre que le régime [marocain] est une autocratie qui gère ses relations internationales par le biais du chantage», a dénoncé Barrena Arza Pernand.
«Il est temps d’activer les clauses relatives au droit de l’Homme dans le traité UE-Maroc, de défendre les citoyens du royaume et de reconnaître la République sahraouie libre et démocratique. Ce n’est qu’ainsi que nous échapperons au chantage permanant du Maroc vis-à-vis de l’Union européenne.»Barrena Arza Pernando, Groupe la Gauche
De son côté, Pineda Manu, du même groupe, a affirmé que l’UE répond au «chantage du Maroc en lui envoyant de plus en plus d’argent pour qu’il continue à exploiter les ressources naturelles du Sahara occidental». «La frontière de l’Espagne est une frontière de l’UE et il faut continuer de la défendre et permettre au Sahara occidental d’exploiter ses propres ressources», a-t-il déclaré.
Pour sa part, l’Espagnol Solé Jordi (Verts/ALE) a estimé qu’«aucun conflit de souveraineté ne justifie que l’on joue avec la vie de famille, de mineurs avec des aspirations». «Rien ne justifie que l’on met en danger leur intégrité physique. Les migrations ne peuvent pas servir de monnaie d’échange dans un conflit diplomatique les autorités marocaines de manière téméraire ont transformé un conflit diplomatique bilatéral en conflit humanitaire avec l’UE», a-t-il critiqué avant d’avancer, lui aussi, que «des situations telles que celle au Sahara occidental entraînent toujours des tensions». «Il faut œuvrer pour trouver des solutions conformément aux demandes des Nations unies en appliquant le droit à l’autodétermination du Sahara occidental et l’UE doit être plus proactive et aider à résoudre ce conflit», a-t-il plaidé.
Les autres eurodéputés ont également été unanimes à dénoncer lesdits événements, accusant ouvertement le Maroc de «chantage» et de «violations des droits de l’Homme». Zarzalejos Javier (groupe du Parti populaire européen) a affirmé qu’il est «inacceptable qu’une crise diplomatique se convertisse en une stratégie délibérée de déstabilisation de villes espagnoles». «Le Maroc a commis une sérieuse erreur et cette résolution le dit clairement. Nous souhaitons de ne pas aggraver la situation», a-t-il ajouté.
Vollath Bettina, de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen a même comparé le Maroc à la Turquie, qui «ouvre ses frontières de façon totalement imprévue».
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