L’île italienne de Lampedusa fait de nouveau face à un afflux de migrants : entre mardi et mercredi, 1 609 personnes ont débarqué sur ce territoire italien perdu au milieu de la Méditerranée. Le centre d’accueil de l’île est saturé mais devrait rapidement revenir à la normal après les transferts des exilés vers d’autres régions du pays.
À mesure que les conditions météorologiques se dégradent avec l’arrivée de l’hiver, les arrivées de migrants en Europe diminuent. Alors dès qu’une petite accalmie se produit, des dizaines d’exilés tentent leur chance depuis les rives tunisiennes et sénégalaises.
C’est ce qu’il s’est passé en début de semaine. En un peu plus de 30 heures, entre mardi 14 et mercredi 15 novembre, 1 609 personnes ont débarqué à Lampedusa, selon l’agence de presse Ansa.
Mercredi matin, 169 migrants, à bord de quatre canots, sont arrivés sur l’île italienne. Dans la nuit de mardi à mercredi, ce sont 394 exilés qui ont débarqué après avoir été secourus par les garde-côtes italiens. Et dans la journée de mardi, 19 embarcations, transportant plus de 900 exilés, ont débarqué à Lampedusa, dont 14 bateaux avant minuit, en l’espace de seulement trois heures.
Les migrants, originaires d’Afrique subsaharienne, mais aussi du Bangladesh, d’Égypte, du Pakistan ou de Syrie, ont pris la mer depuis les côtes de la Tunisie et de la Libye.
Ces débarquements ont saturé le seul centre d’accueil de l’île, où plus de 1 600 personnes s’entassent, pour une capacité de 400 places. Dans un communiqué, la Croix-Rouge, qui gère le lieu, a assuré qu’ »aucun problème critique particulier n’a été signalé ». « Nous surveillons la situation et nous travaillons pour que la reprise des débarquements n’entraine pas la perte de l’aide humanitaire que nous continuons à garantir depuis des mois », a déclaré Rosario Valastro, président de la Croix-Rouge italienne.
Des transferts ont été organisés vers d’autres régions du pays pour désengorger la structure de Lampedusa.
Durcissement de la politique migratoire italienne
Ces nombreuses arrivées font suite à une période de calme, après un afflux record mi-septembre. En quelques jours, environ 10 000 personnes sont arrivées sur l’île, provoquant des scènes de chaos au port et dans le hostpost.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, s’étaient même rendues sur place pour réaffirmer leur position : lutter davantage contre les réseaux de passeurs et augmenter les expulsions des migrants non éligibles à l’asile.
Quelques jours plus tard, le gouvernement italien a publié un nouveau décret visant à durcir les conditions d’accueil des exilés. Le texte permet notamment d’héberger des mineurs avec des majeurs en cas de forte affluence, d’augmenter le nombre de personnes dans les centres de rétention ou encore d’expulser des étrangers en situation régulière qui représentent une menace de trouble à l’ordre public.
Début novembre, Giorgia Meloni est allée encore plus loin, en annonçant un accord surprise avec son homologue albanais. Dans le cadre de ce partenariat, l’Italie va externaliser les demandes d’asile en Albanie, pays non membre de l’Union européenne, dès le printemps 2024. Tirana prévoit de prendre en charge jusqu’à 3 000 demandeurs d’asile en même temps, soit environ 39 000 personnes par an d’après les prévisions des autorités.
Les ONG, les instances internationales et des députés italiens de l’opposition ont vivement critiqué cet accord, le qualifiant d' »inhumain » et d' »illégal ». Des avocats ont annoncé leur intention de saisir la justice pour l’abolir.
World Opinions – Info Migrants