Les élections présidentielles en Algérie et en Tunisie ont le même objectif : conforter le statu quo autoritaire et le même climat répressif des opposants.
« Samedi, les Algériens voteront. Le 6 octobre prochain, les Tunisiens feront de même, relève le journal. L’Algérie ? Un peu plus de 45 millions d’habitants, un territoire vaste comme quatre fois la France, des finances dopées aux hydrocarbures, près de 69 milliards de dollars de réserves de change, 3e PIB d’Afrique. Sur son flanc droit, la Tunisie, 965 kilomètres de frontières communes, 11,8 millions d’habitants, quasiment pas d’hydrocarbures, un territoire quatorze fois plus petit que l’Algérie, 8 milliards de réserves de changes ».
Pas de contestation !
Voilà pour le tableau économique. Et sur le plan politique, c’est le même constat pour les deux pays, note Le Point Afrique : « les élections présidentielles en Algérie et en Tunisie ont le même objectif : conforter le statu quo autoritaire et le même climat répressif des opposants. (…) Tout a été mis en œuvre pour que le président sortant – l’un s’appuyant sur l’armée (en Algérie), l’autre sur la police et la garde présidentielle (en Tunisie) – soit réélu sans l’ombre d’une contestation. La plupart des candidats à l’élection ont été recalés, le « système » n’en retenant que deux pour affronter celui qui doit être réélu. Les journalistes exerçant leur esprit critique ont été placés en détention provisoire afin de calmer d’éventuelles ardeurs. La mise en scène électorale a été soignée mais la peinture sèche avec peine, relève encore Le Point Afrique. L’Algérien Abdelmadjid Tebboune affrontera un candidat socialiste et un candidat islamiste quand le Tunisien Kaïs Saïed doit affronter deux inconnus, dont le seul fait de gloire est de l’avoir soutenu. (…) Aucun débat télévisé n’est prévu ».
Un scrutin verrouillé en Tunisie…
« Kaïs bétonne son chemin pour rester au palais de Carthage », constate en écho Aujourd’hui au Burkina Faso. « Kaïs Saïed a arrêté les règles du jeu, dont il maîtrise complètement la mécanique. Le seul candidat qui pouvait lui opposer un challenge (…) figure parmi les 3 recalés. (…) C’est donc une présidentielle sur laquelle le sortant a apposé un gros verrou, dont lui seul possède la clef. (…) En réalité, depuis juillet 2021, avec la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du parlement, Kaïs Saïed avait mis déjà sa candidature sur orbite, sur le chemin d’une victoire sans coup férir ».
… et en Algérie
Le journal en ligne Le Matin d’Algérie, l’un des rares médias critiques du pays, ne mâche pas ses mots… « L’heure est grave, s’exclame-t-il. Au bout de 5 ans au pouvoir, le président Tebboune a liquidé l’espoir naissant du Hirak et défait moralement les Algériens. Avec ce bilan, soutenu par son clan, il s’emploie à rester à la tête de l’Algérie. L’homme est d’une incompétence sans fond, poursuit Le Matin d’Algérie. Et pourtant il est aux affaires depuis décembre 2019 et s’apprête à 79 ans à rempiler pour 5 ans. (…) Malgré les urgences nombreuses et criantes, le chef de l’État continue de parler d’un second mandat, comme si le premier ne lui avait pas suffi pour plonger le pays dans le coma. (…) Jamais, fustige encore le journal, l’Algérie n’a connu autant d’émigration, de fuite à l’étranger par tous les moyens. Le défaitisme ronge la matière grise les potentiels créateurs de richesses. En la matière, Tebboune aura réussi l’échec ».
Le site d’information algérien TSA reste, lui, pour le moins mesuré… « Contrairement à tous les scrutins présidentiels passés, les questions politiques et idéologiques ont été très peu présentes, constate-t-il, pendant les deux premières semaines de la campagne de cette présidentielle 2024 ».
Le poids économique…
Enfin on revient au Point Afrique qui note qu’« économiquement, la rhétorique autoritaire algérienne a les moyens de calmer les frustrations nationales. (…) Depuis le début de la campagne, le candidat Tebboune multiplie les promesses (création de 450 000 emplois d’ici à 2026, augmentation de l’allocation chômage de 15 000 à 20 000 dinars algériens, augmentation du salaire des fonctionnaires, création de 4 millions de logements sociaux…) ».
En revanche, « à Tunis, aucune marge de manœuvre, aucun dinar pour proposer l’esquisse d’un espoir pour une jeunesse qui, massivement, souhaite quitter le pays ».
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