Ces enfants musulmans qui vivent leur premier ramadan à l’école

Ils ont 15 et 13 ans, vont à l’école tous les jours et trouvent ce mois-ci une autre source d’apprentissage en vivant un pilier de l’islam : le ramadan.

Tu te réveilles, tu ne manges pas jusqu’à la fin de la journée quand le soleil se baisse. Tu ne peux pas boire d’eau non plus, mais c’est tout!, résume avec endurance, Aous Abd, l’aîné de la fratrie.

En compagnie de sa sœur cadette Layla, ce jeune musulman de Toronto expérimente cette année son tout premier ramadan en jeûnant à l’école. Après des mois de cours en ligne, le retour en classes facilite l’effort, assure l’adolescent.

Être à la maison toute la journée, c’est plus fatigant, tu ne fais pas grand-chose alors ton cerveau pense à la faim, dit-il, mais quand tu es dehors avec les amis, que tu étudies, tu n’y penses pas.

Selon les textes coraniques, l’enfant n’est tenu de jeûner que lorsqu’il atteint l’âge adulte. Comme la puberté peut débuter plus tôt chez les filles, certaines commencent dès l’âge de 9 ans, explique la pédiatre Fatima Kamalia, de la clinique Thornhill Pediatrics au nord de Toronto. Pour les garçons, le ramadan débute plutôt entre 12 et 14 ans.

Si la religion demeure sa motivation principale, Aous reconnaît aussi tirer une certaine satisfaction du dépassement de soi associé aux privations pendant un mois.

« Si je peux faire tout ce que font les gens de ma classe, les études, les activités physiques, sans boire ni manger je me sens… pas supérieur, mais bien envers moi-même. »— Une citation de  Aous Abd, 15 ans, élève à La Citadelle Academy of Arts & Sciences

De son expérience, les deux premiers jours du ramadan sont les plus faciles à traverser parce que le corps a de l’énergie en réserve, mais après ça, ton corps doit s’adapter au changement. […] C’est ensuite plus difficile, tu es plus fatigué, avec moins d’attention, et après ça tu t’adaptes encore et ça devient plus facile.

Un enfant lit le coran sur un tapis de prière.

Pour nombre de jeunes musulmans, le ramadan représente un moment d’apprentissage et un important pilier de leur religion.

Comment les établissements scolaires de l’Ontario gèrent-ils la situation? Le ministère de l’Éducation indique que les écoles ont la consigne d’accommoder les élèves qui observent et célèbrent le ramadan.

Plus formellement, les conseils scolaires doivent inclure une ligne directrice sur les adaptations pour diverses religions qui s’applique aussi bien aux élèves qu’aux employés, fait savoir le ministère.

Les conseils scolaires ontariens jouissent d’une autonomie et de souplesse pour prendre les mesures d’adaptation en fonction des demandes individuelles, au cas par cas.

De nombreuses écoles se sont énormément adaptées au cours de la dernière décennie, observe la pédiatre Fatima Kamalia, dont 40 % de la patientèle est musulmane.

Certaines écoles offrent une deuxième salle aux élèves musulmans pendant les heures de repas, illustre-t-elle, voire une salle de prière.

Le Conseil public anglais de Toronto (TDSB), le plus important de la province, encourage son personnel à se rapprocher des élèves qui font le ramadan et à leur offrir accommodement et soutien nécessaires.

« En 2022, les musulmans qui célèbrent l’Aïd le feront le 2 ou le 3 mai. Ces jours-là, nous demandons au personnel de ne pas prévoir d’évaluations majeures, de sorties éducatives, ni de réunions importantes du personnel. »— Une citation de  extrait de la réponse écrite du Conseil public anglais de Toronto (TDSB)

Comme certains élèves choisissent d’observer leur prière de Dhuhr (midi) dans l’après-midi, un espace et un temps doivent être prévus pour les accueillir, ajoute conseil scolaire public anglais de TorontoTDSB.

Aous Abd préfère étudier de son côté pendant que ses camarades dînent alors que sa sœur reste avec ses amis.

Ils n’ont pas d’opinion mais juste des questions : « Pourquoi tu le fais? Pour combien de temps? », partage-t-elle, avant que son frère complète : Ils nous demandent si c’est facile ou difficile, si tu te sens bien.

Quels sont les risques pour la santé à un âge de pleine croissance? Pour tout enfant en bonne santé qui jeûne conformément à la recommandation, il n’y a aucun risque, assure Dre Kamalia. Pour ceux qui prennent des médicaments, qui ont du diabète, c’est une autre histoire.

Il est fréquent que les enfants commencent leur apprentissage du ramadan en jeûnant une moitié de journée, précise-t-elle.

Et pour ceux qui se sentiraient mal pendant la journée, la pédiatre recommande de rompre le jeûne avec des liquides, comme du jus d’orange.

World Opinions – ici.radio-canada.ca

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