TRIBUNE. Pour le commerce et les investissements, l’Afrique et l’Europe, voisines et partenaires naturelles, veulent désormais creuser un nouveau sillon.
Le lien entre nos deux continents, l’Afrique et l’Europe, qui bordent les rives de la Méditerranée, constitue le grand projet politique et géopolitique des décennies à venir. Le sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine de février 2022 permettra de refonder en profondeur et de renouveler le partenariat entre l’Union européenne et l’Afrique, au service d’une prospérité partagée et durable des citoyens.
Un potentiel immense à approfondir
Une conviction partagée rassemble les signataires de cette tribune : alors que l’Union européenne est aujourd’hui le premier investisseur en Afrique, le premier partenaire commercial, le premier acteur du développement du continent, le potentiel d’approfondissement de nos relations est encore immense.
Il existe un chemin pour faire encore mieux. Un chemin qui passe tout d’abord par l’intégration économique en Afrique, en tant qu’aspiration majeure de l’Agenda 2063, que l’Union européenne soutient activement aux côtés de ses partenaires, africains notamment par la mise en place de la zone de libre-échange continentale africaine. Un chemin qui passe par le développement d’accords de facilitation des investissements porteurs d’emplois et de croissance durables, et par la modernisation du cadre de nos relations commerciales.
Une exigence de performance et de résilience
Plus que jamais, il nous faut redoubler d’efforts pour renouer avec la dynamique qui a porté la croissance de nos échanges jusqu’au début de la pandémie de Covid-19. Il y va de la compétitivité et de la capacité de résistance de nos économies. À l’heure où la pandémie de Covid-19 nous a montré certaines limites du modèle d’approvisionnement en place actuellement, la perspective d’une intégration renforcée des chaînes de valeur industrielles, commerciales et logistiques entre l’Europe et l’Afrique répond à cette double exigence de performance et de résilience.
C’est le sens de nos efforts pour approfondir davantage encore nos liens commerciaux et d’investissement, tout en nous assurant que les échanges intègrent pleinement les exigences du développement durable. C’est le cas en Afrique du Nord, où les objectifs ambitieux que l’Europe et ses partenaires méditerranéens se sont fixés il y a plus de 25 ans, à Barcelone, pour apporter paix, stabilité et prospérité aux populations des deux rives de la Méditerranée, nous guident toujours aujourd’hui, à l’image de l’initiative Équipe Europe lancée en octobre pour stimuler l’emploi par le commerce et l’investissement. Un dialogue sur ces questions devrait être lancé en vue de la prochaine réunion des ministres du Commerce de l’Union pour la Méditerranée. C’est aussi le sens du travail permanent que l’Union européenne réalise en lien avec ses partenaires africains pour identifier des pistes concrètes, durables et d’intérêt mutuel de structuration industrielle euro-africaine.
Capitaliser sur des secteurs d’intérêt commun…
Ensemble, l’Union européenne et l’Afrique peuvent trouver des réponses concrètes au renchérissement et aux aléas des approvisionnements depuis des régions plus lointaines, capitalisant notamment sur les avancées économiques de l’Afrique dans les deux dernières décennies, l’inventivité et l’agilité de son industrie, ainsi que son importance accrue dans la nouvelle architecture mondiale grâce à l’émergence de plusieurs pôles économiques.
Outre la pleine mise en œuvre des accords commerciaux existants, qui reste une nécessité, nous devons aussi – ce sera l’un des objectifs du sommet, comme le demandent les acteurs économiques des deux continents – faciliter le commerce et les investissements dans des secteurs d’intérêt commun, par exemple dans l’économie numérique et le développement durable. Nous devons également continuer à travailler ensemble sur les règles d’origine et accompagner les producteurs pour respecter les normes SPS et autres normes techniques, notamment dans les secteurs du textile et de l’habillement et de l’agroalimentaire.
… pour une meilleure intégration dans le commerce international
Nos relations commerciales et d’investissement doivent également évoluer pour mieux prendre en compte le développement durable et offrir un cadre plus inclusif et vertueux, en prévoyant une meilleure concertation et appropriation par les parties prenantes européennes et africaines des questions environnementales et de bonne gouvernance.
Notre politique commerciale est ainsi un levier pour faciliter l’insertion dans le commerce international des pays en développement. Le système de préférences généralisées (SPG) joue un rôle particulier à cet égard en accordant sans contrepartie commerciale à de nombreux pays africains un accès préférentiel au marché européen. Sa réforme, qui aboutira dans les prochains mois, intégrera davantage les défis de nos deux continents, comme la lutte contre le changement climatique.
Au-delà du SPG, l’approfondissement et l’élargissement des accords de partenariat économique, qui lient plusieurs États d’Afrique à l’Union européenne, permettront d’étendre le périmètre des relations commerciales avec les pays concernés au-delà des échanges de marchandises pour couvrir notamment les services, les investissements et ainsi d’en faire des instruments toujours plus efficaces au service d’un développement partagé et durable.
Au cœur de la nouvelle donne, les acteurs économiques
Ces initiatives n’aboutiront qu’avec le soutien et l’énergie des acteurs économiques, notamment pour identifier les barrières aux échanges qui constituent autant d’obstacles aux entrepreneurs d’Afrique et d’Europe. Le travail entrepris auprès du secteur privé et de la société civile des deux continents doit donc se poursuivre pour accélérer l’intégration des chaînes de valeur européennes et africaines. Il s’agit notamment de davantage accompagner les secteurs privés européens et africains en vue de nouer plus de partenariats gagnant-gagnant, et ce dans des secteurs prioritaires pour le développement en Afrique.
Pour relever les défis économiques, sociaux, environnementaux et climatiques majeurs que les deux continents ont en partage, les signataires considèrent nécessaire de refonder et donner un nouvel élan aux relations économiques entre l’Union européenne et les pays d’Afrique. Il serait judicieux d’imaginer et construire de nouveaux partenariats commerciaux et d’investissement mutuellement bénéfiques entre nos deux continents. C’est le sens de l’action que nous comptons mener au cours des prochains mois et autour de laquelle nous sommes aujourd’hui réunis à Paris.