Marseille, une capitale française du rap très singulière depuis trente ans.. Vidéo

D’IAM à Jul, quatre générations d’artistes se succèdent dans le documentaire choral « Marseille, capitale du rap » diffusé par la RTS. En trente ans, le phénomène musical, culturel et social qu’est le hip-hop a trouvé au coeur de la cité phocéenne une résonance particulière.

« Le rap a placé Marseille sur la carte de France », estime Akhenaton, figure d’IAM, l’emblématique formation du hip-hop francophone révélée au début des années 1990 avec l’album « De la planète Mars ». Biberonné par l’émission télévisée française « Hip Hop » consacrée au genre dans les années 1980 et par les sons des disques ramenés à Marseille par des militaires américains, IAM ouvre la voie avec un rap cosmopolite qui ressemble à sa ville méditerranéenne où le verbe et la verve ont toujours été capitaux. Un rap à part, à l’accent méridional revendiqué.

Le documentaire « Marseille, capitale rap », réalisé par Gilles Rof et Daarwin, débute en octobre 2017 au stade Vélodrome, autre emblème de la cité phocéenne et antre du club de football l’OM tout aussi souvent scandé dans le répertoire urbain. Mais ce soir-là, c’est le rappeur Soprano que les spectateurs acclament. Un enfant de Marseille, comme Jul, La Fonky Family, Psy4 de la Rime dont il a fait partie, Bouga ou Keny Arkana qui figurent tous dans ce film retraçant, à travers quatre générations d’artistes, les trente ans d’un courant musical ancré dans la ville du sud de la France. Un élément constitutif même de son identité multiculturelle.

Scansion marseillaise particulière

Raconté par Faf Larage, le documentaire montre bien les liens indéfectibles unissant Marseille au rap, quand bien même la Capitale européenne de la culture en 2013 l’a superbement ignoré dans sa fastueuse programmation. Pourtant, le rap marseillais a dicté sa loi et ses codes à la scène française de la fin des années 1990 et du début du 21e siècle. Un âge d’or porté par une pépinière de nouveaux talents qu’IAM se met notamment à produire et mettre en lumière à la suite de l’énorme succès de « L’école du micro d’argent ». La ville comme ses quartiers auront même droit à leurs hymnes durables, du « Bad Boys de Marseille » signé Akhenaton et La Fonky Family au « Belsunce Breakdown » de Bouga. A Marseille, le rap s’est déplacé du centre-ville aux quartiers nord et sud et chaque courant a affirmé ses spécificités, de l’accent à l’écriture.

>> A voir, le clip de « Bad Boys de Marseille »:

A cette singulière géopolitique de la scansion marseillaise se sont ajoutés quelques moments marquants qui ont métamorphosé les plumes. Ainsi de la victoire de l’OM en Ligue des champions en 1993 et du meurtre de Ibrahim Ali par un colleur d’affiches du Front national en 1995 qui a mis un terme à l’insouciance du rap. « Ça nous a mis un côté très mature, direct. Même dans notre manière d’écrire. ll y avait beaucoup plus de profondeur. Ça a changé, le rap, à ce moment là », commentent Alonzo (Psy4 de la Rime) et Soprano. A l’image encore des morts de la rue d’Aubagne dans l’effondrement d’immeubles en 2018, ces événements ont nourri la prose de plusieurs générations, dont Keny Arkana, baptisée la « petite soeur » des rappeurs qui s’est distinguée par son militantisme et son altermondialisme.

Si d’autres figures comme l’encensé Jul ne se font pas les portes-voix des maux et des fatalités marseillais, elles n’en évoquent pas moins leur ville chérie et leur sentiment d’indépendance (avec comme slogan « Marseille, c’est pas la France »!). D’IAM au récent projet collectif 13 Organisé emmené par Jul, de Soprano au radical Alonzo ou au 3e Oeil, tous ces rappeurs ont pourtant contribué à faire de Marseille une capitale française du hip-hop des plus singulières. Une référence même née dans une ville décriée qui traîne sa mauvaise réputation.

Par Olivier Horner – RTS Culture

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