Covid-19, un an après : « La précarité alimentaire ne cesse de s’accroître »

Tribune. Après le séisme provoqué par la crise sanitaire, le risque d’un tsunami social ne peut être écarté. Déjà, on en perçoit l’ampleur et la gravité. La dernière étude de l’institut CSA pour les banques alimentaires alerte. En effet, en ce début d’année, 2,1 millions de personnes ont eu recours à l’aide alimentaire, et pour plus de la moitié d’entre elles depuis moins d’un an.

Dès mars 2020, pendant la première période de confinement, on notait une augmentation de 25 % des bénéficiaires. La précarité alimentaire ne cesse de s’accroître. Elle touche désormais de nouveaux publics : travailleurs pauvres, personnes diplômées, étudiants qui n’ont plus accès aux restaurants universitaires et aux compléments de ressources par des emplois parallèles à leurs études.

Cette situation est d’autant plus alarmante qu’elle s’inscrit dans une tendance lourde amorcée avec la crise de 2008. Selon le réseau des banques alimentaires, on comptait à cette époque 2,8 millions de bénéficiaires. Ces chiffres n’ont cessé d’augmenter, passant de 3,5 millions, en 2010, à 5,5 millions, en 2019. Les prévisions actuelles font état de près de 8 millions de personnes qui, dans les prochains mois, seront concernées par la nécessité de recourir à des aides.

L’axe privilégié par le réseau des banques alimentaires est la récupération de denrées, effectuée le plus souvent auprès de grandes enseignes (Groupe Bertrand, Sodexo, Flunch ont compté parmi les premiers partenaires), et leur redistribution, assurée par plus de 6 800 bénévoles locaux, qui représentent environ 90 % des effectifs du réseau. Celui-ci se félicite aujourd’hui du soutien de 250 nouveaux partenaires qui, au moins ponctuellement, les ont rejoints en cette période critique (voir la liste sur le site).

La résilience alimentaire peut-elle reposer, sinon exclusivement, du moins largement, sur les piliers que sont, d’un côté, le mécénat privé pour la distribution de colis ou de repas, et de l’autre, l’assistance publique par l’octroi de chèques alimentaires ? Ces pratiques, devenues indispensables aujourd’hui face à l’urgence, sont-elles adaptées aux crises alimentaires de demain, et particulièrement celles liées au changement climatique, mais aussi à la vulnérabilité des systèmes d’approvisionnement des villes ?

Par Anne Salmon – Universitaire / Le Monde

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