L’abstention est la ruine de la démocratie

Pour qu’une vraie démocratie fonctionne, encore faut-il que tout le monde se déplace pour voter. Rendre le vote obligatoire est une idée qui pourrait renforcer la démocratie. Or, nous savons que l’ennemi du système démocratique, c’est l’abstention, le silence, l’indifférence, le «jemenfoutisme».

Une hypothèse pessimiste trotte dans ma tête: et si on se passait de parlement? Tel qu’il est aujourd’hui, son utilité est mince. Il coûte de l’argent au pays et donne une impression d’inefficacité manifeste. Vous n’avez qu’à écouter les commentaires des Marocains à ce sujet. L’Union européenne nous fera la leçon. Mais, pour fonder une démocratie solide, ne faut-il pas prendre le temps qu’il faut, ainsi que les résolutions qui s’imposent?

On pourrait faire une pause de cinq ans, durant laquelle le pays sera géré par une équipe de technocrates sérieux et soucieux de l’intérêt national. Pendant ce temps-là, les partis politiques apprendront à leurs militants les principes et valeurs de la démocratie. Car la démocratie n’est pas une technique, mais un système de valeurs à inculquer aux citoyens. Voter ne suffit pas pour être réellement démocrate. Encore faut-il voter pour des représentants cultivés, intègres et ayant acquis le sens de l’Etat et de l’intérêt national qui passe absolument avant l’intérêt personnel.

Cette idée ne plaît pas au gouvernement actuel. Ça se discute. Pour qu’une vraie démocratie fonctionne, encore faut-il que tout le monde se déplace pour voter. Rendre le vote obligatoire est une idée qui pourrait renforcer la démocratie. Or, nous savons que l’ennemi du système démocratique, c’est l’abstention, le silence, l’indifférence, le «jemenfoutisme».

Quand l’abstention atteint le score de 80%, le parlement qui naîtra de ces élections ne sera pas du tout représentatif. Les députés seront élus par une petite minorité, laquelle ne peut prétendre représenter l’ensemble des citoyens. Du coup, le parlement n’est plus crédible.

Mais une réforme électorale n’a pas été prévue par le gouvernement. Alors, le 8 septembre le Maroc élit ses représentants. Pas tout le Maroc, mais une partie du pays. L’autre partie ne s’intéresse pas à la chose politique, ne croit pas à la démocratie ou bien se contente de critiquer et oublie de mettre la main à la pâte et ne s’engage pas pour améliorer les choses.

Que ce parti soit sans efficacité, une fois au pouvoir, est un autre problème. Le fait est qu’il se distingue des autres par un militantisme qui réussit à se faire comprendre par les gens.

Le gouvernement actuel est critiqué tout le temps. Il n’a pas réussi à lutter contre la corruption, ni à sauver le système éducatif ni à améliorer le système sanitaire. De ce fait, il risque de perdre les élections de la semaine prochaine.

Tout cela pour vous inciter à aller voter. Votez pour qui vous voulez, mais déplacez-vous et votez!

Une remarque qui prouve que nous ne sommes pas encore prêts pour la démocratie réelle: certains partis ont refusé de publier sur les affiches la photo des femmes candidates à la députation. On les cache, on les voile, on nie leur existence en refusant de publier leur visage sur des affiches.

Cela me rappelle l’époque où, lorsqu’un homme parlait d’une femme, disait «hachak» («sauf votre respect»), comme s’il parlait d’un chien ou d’une bête puante.

Je vous ai livré mes réflexions; faites en sorte que j’aie tort. Pour cela allez tous voter. Donnez-nous une assemblée d’hommes et de femmes de qualité, des personnes responsables, sérieuses, mettant l’intérêt général au-dessus de tout, refusant durant la période de la députation de faire des affaires et d’utiliser leur titre pour se faciliter les démarches et les combines pour s’enrichir. Ainsi, toute absence non justifiée sera pénalisée par un retrait important de leur salaire. La démocratie, c’est difficile, mais c’est le moins mauvais des systèmes. 

Par Tahar Ben Jelloun

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